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 Histoire d'Andromalius

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andromalius
Fier Cimmérien
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andromalius


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MessageSujet: Histoire d'Andromalius   Histoire d'Andromalius Icon_minitimeJeu 6 Déc - 2:03

Chapitre 1

La chiourme sentait l'urine, la vinasse, le goudron et la chair crasseuse. Pliés sur les rames, les galériens souffraient en silence. La mer était rude, les courants hostiles et le vent contraire : trois jours que le navire stygien n'avait pas été en mesure de déployer sa voile. Pour les hommes des cabines, cela signifiait un retard embarassant. Pour ceux de l'entrepont, cela signifiait trois jours de sueur, d'efforts et de fouet.
De son avant-bras crasseux, Patxi s'essuya le front. La cadence diminuait légèrement à l'approche du crépuscule : il serait bientôt temps de jeter l'ancre, seul un fou osant naviguer de nuit. Or le capitaine, pour autant qu'il en savait, avait bien des défauts (il était orgueilleux, avait la main lourde sur les punitions et légère sur la nourriture) mais ce n'était pas un fou.
Les tambours poursuivaient leur lente baisse de cadence. Patxi se surprit à repenser à d'autres tambours : ceux que là-bas, à quelques heures de navigation à peine, sur les côtes de Zingara, on frappait pour faire danser les femmes aux longs cheveux sombres, aux yeux ourlés de noir et aux robes d'un rouge éclatant. Ceux des fêtes de sa jeunesse, avant que les pirates ne débarquent, avant que son paisible village ne soit la proie des flammes. Il fredonna une vieille complainte.
Lorsqu'enfin le maître de chiourme ordonna de mettre en panne et que le navire fut secoué par l'ancre, qui se fichait dans le sol sous-marin, Patxi se rendit compte que son compagnon de rame, lui aussi, fredonnait quelque chose. A vrai dire, il s'était, jusque là, peu intéressé à lui. Embarqué huit jours plus tôt à Asgalun, en même temps qu'une cargaison de bois shémites et qu'un lot d'autres nouveaux esclaves, il semblait nouveau dans les tâches de force. Ses bras, encore minces, son teint, ses mains, encore fines ... tout indiquait l'asservi récent, sans doute pour dette. A moins qu'il ne s'agisse de l'un de ces esclaves d'apparat ayant eu l'heur de déplaire à son maître. Le zingaran jeta un coup d'oeil appuyé à son voisin. Un visage long, une barbiche qui, il y a peu, devait être méticuleusement taillée, un teint olivâtre, un nez en bec d'aigle. Stygien, à n'en pas douter. Ce qui, en la matière, ne signifiait pas grand-chose : de Khémi à Thuran, les stygiens étaient connus pour leur dureté envers leurs serviteurs; qu'ils soient ou non issus de leur peuple faisait peu de différence.
Patxi sursauta lorsqu'il se rendit compte que l'étranger l'examinait lui aussi. Mais pas exactement de la même manière : le regard qu'il lui jetait n'était pas celui que l'on adresse à un homme, mais bien plutôt à une marchandise ou à une tête de bétail.
"Un asservi", conclut intérieurement Ptaxi, "et un asservi qui est tombé de haut : il fréquentait les marchés aux esclaves il n'y a vraiment pas si longtemps."
Son regard croisa pendant quelques secondes celui du stygien, et la lueur qui y brillait l'effraya. Patxi détourna les yeux. "Mitra ! Pourquoi faut-il donc qu'ils m'aient mis à côté de ce fou ?"

Le maître de chiourme arpentait désormais l'entrepont, veillant à la distrubition du repas du soir, un infâme brouet que, quelques années plus tôt, Patxi n'aurait pas donné à manger à son chien. Le stygien, d'ailleurs, n'y touchait pas au contenu de son écuelle. Il le regardait fixement et, du bout de ses longs doigts, y traçait d'étranges entrelacs. En y réfléchissant plus avant, le zingaran se rendit compte qu'il n'avait jamais vu son compagnon de rame manger, depuis son arrivée à bord. D'autres que lui auraient depuis longtemps volé l'écuelle, mais Patxi avait le coeur tendre.
"Tu ne tiendras pas longtemps, si tu chipotes. C'est vraiment dégueulasse, mais on n'aura rien d'autre avant d'arriver à Baracha. Et d'ici là, tu seras mort de faim, si tu continues à ne rien manger."
Le stygien tourna à nouveau ses yeux vers lui. Un léger sourire se dessina sur ses lèvrres fines.
"Je n'irai pas à Baracha."
"Si c'est la mort que tu veux, on peut t'arranger ça. J'ai déjà aidé des gens à en finir, tu sais. Mais crever de faim, c'est immonde. Personne ne mérite ça."
"Je n'ai pas prétendu que j'allais mourir. Bien au contraire. Et j'ai pleinement conscience de l'importance de la nourriture. Crois-moi, je l'aurais dévorée sans hésitation, si je ne la conservais pour un autre usage."
Patxi sourit et hocha la tête, l'air entendu.
"D'accord, je comprends. Tu la monnayes. Un autre galérien, je suppose ? Un jeune avec un petit cul étroit ? Je comprends ça ... des fois, hein, ça démange. Essaie Pocrides, un de ces soirs. Personne ne m'a jamais aussi bien sucé, pas même les meilleures catins de Kordava. Les argosiens, ils ont ça dans le sang, crois-moi."
Le stygien éclata de rire. Un rire froid, presque métallique, qui n'exprimait pas que de la joie.
"Je n'en suis pas encore arrivé là ! Ce n'est pas pour un mignon efféminé que je conserve ma nourriture."; il poursuivit, dans un murmure : "A la vérité, elle est destinée à un autre usage. Comme tu l'as toi-même remarqué, nous autres galériens n'avons pas grand-chose de plus précieux que ces maigres rations. Et c'est justement parce qu'elles nous sont essentielles, qu'elles valent tant à nos yeux, que je décide de m'en séparer. Je souffre dans ma chair, mon estomac crie famine, ma tête tourne tout le jour ... mais jamais je n'ai offert à mon seigneur sacrifice plus généreux. Même aux temps où j'étais couvert d'or et d'esclaves, ce que je lui donnais n'était qu'une part de mes possessions. Aujourd'hui, je lui offre ma propre essence vitale, je souffre pour lui. Et il l'a compris, il l'a senti. Il m'a parlé dans mes rêves. Il va me sortir d'ici, d'une façon ou d'une autre."
"Compris. Tu es un de ces mystiques qui..."
"Tu te trompes. Je ne suis pas un mystique. Pas plus qu'un anachorète ou un pérégrin. Je suis Son enfant, Son protégé. Le puissant Set veille sur moi comme un père. Et ses alliés des profondeurs marines, eux aussi sont puissants." Le stygien avait semblé s'exalter au fil de la discussion; il était désormais presque extatique, alors que ses lèvres remuaient, presque en silence. Patxi dut tendre l'oreille pour saisir ses paroles.
"Yah ! Yah !", mumurait-il, "Set ftaghn ! Cthulhu ftaghn ! Ph’nglui mglw’nafh wgah’nagl ftaghn !"
Patxi ne serait parvenu à expliquer au juste pourquoi, mais ces dernières paroles lui firent froid dans le dos.
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