Crom et les dieux cimmériens

(débat théologique imaginaire opposant un aquilonien et un cimmérien)

- ... et lorsque le soleil est à son zénith, le grand prêtre de Mitra revêt sa robe immaculée, fait trois fois le tour du temple en chantant des hymnes, puis...
- Que tout cela est compliqué ! Les dieux de mon peuple sont beaucoup plus simples. Ils ne demandent pas tous ces sacrifices, ces actes de foi, ces repentances, ces temples...
- Et que demandent-ils, alors ?
- Rien. Ce sont des dieux. Ils sont puissants. Ils n'ont pas besoin de nous.
- Pourquoi les pries-tu, alors, s'ils ne se soucient pas des hommes ?
- Je ne les prie pas. J'évite de le faire, en tout cas. Car si un homme les dérange, ils lui envoient la foudre, ou des malédictions, ou des maladies, ou une mort en lache. Ou pire : l'impuissance.
- Comment sont-ils, ces dieux ?
- Le plus grand d'entre eux est Crom. Il vit en haut d'une montagne. Du sommet, parfois, il regarde les hommes et il rit. Et ce rire, c'est le tonnerre. Crom est puissant, orgueilleux et farouche. Mais au fond de lui, il aime beaucoup les humains.
- Ah ?
- Oui. La preuve : à la naissance, il donne à ceux de mon peuple le courage de se battre et la force de terrasser leurs ennemis.
- Et ... euh ... c'est tout ?
- Eh bien oui ! Que veux-tu demander de mieux que cela ?
- Mais ... mais vos prêtres ne vous disent pas ce qu'il y a après la mort ? Un paradis, peut-être ?
- Non ! Après la mort, je ne sais pas ce qu'il y a, mais je sais que ce n'est pas heureux.
- Comment le sais-tu ?
- J'ai bien observé les prêtres. Autant les chamans cimmériens que ceux des autres peuples. Et j'ai remarqué quelque chose : pas plus que les autres hommes, ils n'aiment être tués. C'est bien une preuve !

(fin du dialogue théologique; toute la spiritualité cimmérienne y est résumée)