Le culte de Set

Le grand Set n'est pas mort, mais sommeille sous les pyramides obscures.
Entre les antiques sépultures, se glissent ses ombres.
Je fais résonner le Verbe depuis les gouffres chtoniens que jamais l'astre solaire ne viola.
Ô, être iridescent et squameux ! Envoie-moi Celui en qui ma Haine deviendra Chair !

Le culte du dieu serpent Set domine, en Stygie. Aucune autre religion n’y est officiellement tolérée et prier un autre dieu est un crime passible de la peine capitale. Set est également prié par certaines tribus Kushites, dans des coins reculés de Shem et dans les Royaumes Noirs, sous le nom de Damballah. Enfin, il a des adorateurs secrets un peu partout en Hyborée : sectateurs, sorciers et hommes avides de pouvoir.
Le clergé de Set est la plus puissante de toutes les églises du monde connu; aussi son influence et sa richesse lui permettent-elles d'avoir pignon sur rue jusque dans certaines cités du Nord et de l'Ouest, bien qu'il ne s'agisse en général que de petits oratoires, fréquentés par une poignée de fidèles (on peut rapprocher cela des cultes orientaux (Isis, Sérapis, Cybèle...) au début de leur installation à Rome.

Le credo du culte est simple : Set est le plus grand. De son corps ophidien, il enserre le monde. Ses anneaux plongent jusqu'aux tréfonds de la terre, où est enfouie sa tête. Dans quelques gouffres souterrains, au bord de fosses plongeant vers les abysses, on peut percevoir sa présence, notamment par sa respiration (vapeurs souffrées, entre autres). D'où quelques pratiques proches de celles de la Pythie.
En échange d'un dévouement sans faille, Set offre à ses fidèles le pouvoir, la richesse, parfois même l'immortalité : certains de ses prêtres, en effet, sont supposés pouvoir se changer en serpent; lorsqu'ils arrivent à un âge avancé, ils prennent cette forme pour l'éternité et descendent dans les abysses, où ils serviront Set jusqu'à la fin des temps.

Set était prié bien avant l'avènement de l'homme. Certains de ses temples souterrains, en Stygie, ont été creusés par des races bien plus anciennes et plus cruelles. A cet égard, et à d'autres éléments de son culte, on peut sans risque le classer parmi les Grands Anciens, dont d'ailleurs il partage le sort. En effet, son empire sur la terre fut autrefois grand, mais il a été rejeté dans les profondeurs par des dieux "venus du ciel", dont Mitra. Un temps, on l'a cru mort. Mais "n'est pas mort qui à jamais dort" et Set prépare son retour et sa vengeance.

En Stygie, les temples de Set sont le coeur religieux et politique de la vie d'une cité. Ils sont toujours construits au-dessus d'anciens sites pré-humains, et accueillent dans leurs profondeurs des serpents, images vivantes du dieu, dont certains atteignent des tailles colossales. La nuit, les plus gros d'entre eux sortent parfois du temple et se glissent dans les rues. Un stygien en croisant un doit se prosterner, ne plus bouger, et prier pour que le serpent géant veuille bien l'emporter et le dévorer. On pense en effet que ceux qui subissent un tel sort sont les élus de Set et qu'ils ont été enlevés à leur vie mortelle pour être plus rapidement auprès de lui. Les familles de ces victimes sont généralement prises en charge par le temple, si du moins elles ne sont pas avant cela massacrées par des voisins ivres de jalousie, ce qui arrive parfois. Un enfant encore en bas âge dont le père a été tué par un serpent est souvent considéré comme le fils adoptif du dieu, élevé dans le temple et promis à un bel avenir dans la prêtrise. A noter que ces coutumes amènent, quand les temps sont durs, certains pères de famille désespérés à arpenter volontairement les rues la nuit, espérant croiser un serpent géant et n'hésitant pas à se jeter littéralement sous ses crocs. De tels comportements sont découragés par le clergé mais continuent régulièrement à se produire en temps de guerre ou de famine.
Les promenades des serpents géants sont toutefois rares : si tous les temples importants se targuent d'en posséder, ce n'est pas forcément le cas et ils en ont rarement plus de deux ou trois; en outre, les bêtes ont une digestion très lente : dans une cité comme Khémi, par exemple (plusieurs dizaines de milliers d'habitants), on évalue à trois ou quatre par mois les gens morts de cette manière.

Mais ces sacrifices volontaires ne sont pas les seuls pratiqués par le culte. Généralement, toute personne souhaitant obtenir quelque chose de Set doit en payer le prix. Pour les bénédictions de faible ampleur, un don au temple suffit. Mais pour les projets plus importants, il faut en venir à des sacrifices, animaux ou humains, suivant l'ampleur du souhait. C'est d'ailleurs l'une des raisons pour lesquelles la Stygie est un gros acheteur d'esclaves. Certains nobles stygiens, pour assurer la prospérité de leur ville ou de leur maison, sacrifient ainsi plusieurs centaines d'esclaves (de préférence des jeunes vierges, mais Set est preneur de tout ce qui vit et souffre) chaque année, lors de fêtes tutélaires.
Les victimes sont généralement soit offertes aux serpents, soit jetées dans les fosses cthoniennes.

L'archétype du serviteur de Set est, bien entendu, le sinistre Thulsa Doom

Quelques précisions complémentaires :

. On dit que la religion sétite est une réminiscence d’une époque où l’homme n’existait pas et durant laquelle Set marchait sur la terre. Il aurait créé une race d'hommes serpents de ses propres mains avant même que l’humain n’apparaisse.

. Set ne règne pas seul, il est accompagné d’un panthéon de dieux, dont la plupart sont représentés avec un corps humain mais une tête animale. Ceux-ci ne sont jamais vénérés à la place de Set mais toujours en tant qu’accompagnement de Set (un peu comme des saints, si on préfère). On peut notamment compter parmi eux la déesse Derketo, appelée aussi parfois la Reine des Sables ou plus vulgairement La Putain de Set.
Quelques uns des autres noms des dieux du panthéon stygien sont : Ahephi, Bast, Harakht, Idris, Khepra, Nuit, Usir…

. Bien que la religion sétite soit considérée comme mauvaise par ceux qui y sont étrangers, elle ne cherche pas activement à éradiquer ce qui est bon. Si Mitra s’érige très clairement en opposition aux autres religions et en particulier à Set, le contraire n’est pas vrai. Un prêtre ou un fervent adorateur de Set ne s’opposera pas à une autre religion par conviction religieuse. Il ne le fera que si cela peut lui rapporter plus de pouvoir ou plus de richesses.

. Une différente marquante avec le culte de Mitra est également que les prêtres de Set ne croient ni ne prêchent le fait que Set soit juste. Il est le plus fort et c’est ce qui importe, la notion de justice n’a aucune importance.

. En Stygie, on dit que Set dort dans les souterrains sombres de la grande pyramide de Khemi, le chef-lieu du culte sétite.

. Le culte de Set comprend sept Mystères. Celui qui y sera initié apprendra tour à tour la vérité symbolique de tous les dieux du panthéon pour ensuite atteindre la vérité au sujet des Grands Anciens. L’Initié réalise également que la vie est peu de chose en soi et que le seul moyen de l’enrichir et d’acquérir de grands pouvoirs.
Aux plus hauts stades d’initiation, les prêtres de Set apprennent le pouvoir des rêves. De manière générale, les pouvoirs occultes des prêtres iront croissants au long de l’initiation.

. Les Stygiens croient que l’humain est fait de plusieurs parties : l’âme, la connaissance, le génie et le corps physique. Seul le corps physique est périssable, les autres éléments ne le sont pas.
Les Stygiens pratiquent les rituels d’embaumement.